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Chaplin et son double, avec « Chaplin 1939 » au Lucernaire

« Tandis que toi, Charlot, dans la même scène, tu te heurtes au parlant. Exactement comme je viens, moi, heurter ma folie à celle d’Hitler. »  – Charlie 1939, Cliff Paillé

 

Alors qu’il connait un succès international et que le parlant s’est imposé à Hollywood, Charlie Chaplin fait encore de la résistance. Avec Les Temps Modernes, il a réussi de faire un film muet mais avec des scènes parlantes – rares, inventives, incompréhensibles. Pourtant, à la fin des années 1930, un autre personnage à la moustache reconnaissable est sous le feu des projecteurs : Adolf Hitler. Chaplin pose alors des bases pour son premier film parlant pour se payer celui qu’on reconnaîtra sous les traits du Dictateur

Dans les coulisses de The Great Dictator

Leurs points communs sont troublants : nés en avril de la même année, un passé familial chaotique, un succès populaire retentissant et… une moustache. Charlie Chaplin et Adolf Hitler ne sont pourtant pas de la même trempe et Chaplin l’a bien compris, tout comme il a bien compris le danger du nazisme. Cliff Paillé s’empare précisément de cette histoire.

Comment né The Great Dictator et dans quel contexte ? Comment Charlie Chaplin, en 1939, se positionne-t-il face à la montée du fascisme, au nationalisme, et comment appréhende-t-il ce vol de moustache ? Pendant un peu plus d’une heure, nous sommes immergés dans le bureau de Chaplin en pleine écriture de ce qui sera l’un de ses plus grands films. Et c’est une grande réussite.

Au travers d’une scénographie volontairement en noir et blanc, avec très peu d’images d’archives, Cliff Paillé nous plonge à la fois au coeur du processus de création, mais aussi dans l’intimité du petit (par la taille) Charles Spencer Chaplin face au monstre sacré Charlot. Comment faire parler le vagabond ? Quelle voix donner à ce dictature ridiculisé ? Et comment faire passer des messages profonds, comme le sera le fameux discours final du Dictateur ?

 

Chaplin, 1939, c’est donc une pièce riche, pleine de clins d’oeil à l’oeuvre de Charlie Chaplin (les connaisseurs retrouveront la danse des petits pains, la danse du Barbier sur Brahms…), avec une écriture simple mais ciselée. C’est aussi une vraie plongée dans l’intimité de l’artiste (sa relation avec son frère Sidney, sa relation avec Paulette Godard). Charlie Chaplin est magistralement interprété par Romain Arnaud-Kneisky, dont le regard rieur, la souplesse et les bouclettes finissent de convaincre que l’on a peut-être la chance d’apercevoir le génie de Chaplin. Alexandre Cattez incarne un Sidney Chaplin tout aussi bienveillant qu’homme d’affaires. Swan Starosta, enfin, interprète une Paulette Godard haute en couleur, mais dont l’interprétation m’a un peu laissée sur ma faim, manquant parfois de nuances dans la colère. 
 Chaplin, 1939  est définitivement une pièce à ne pas manquer !

 

Avis : ★★★★

Chaplin, 1939, mise en scène de Cliff Paillé, Théâtre du Lucernaire.Jusqu’au 10 octobre 2021

Crédit Photo : Laurent Sabathé

 

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