Follow me:
Iliade-Thespis-Avignon-critique-avis-blog-theatre-que-voir-lyon-off-festival

Brillante épopée aux odeurs de vestiaires avec l’Iliade, à la Factory #OFF2023

« Mais tu as choisi un destin en venant à Troie. » Iliade

Adapter ou reprendre un grand classique est toujours un pari risqué – toute reprise d’Homère ne fait pas exception à la règle. Pourtant, avec cette mise en scène de l’Iliade originale, pop et rythmée, la compagnie Thespis réussit le pari un peu fou de faire vivre l’Iliade dans des vestiaires de footballeurs américains. Et ça marche du tonnerre, nom de Zeus!

L’Iliade : dans les vestiaires d’un champ de bataille

Pour comprendre l’Iliade, quelques souvenirs de vos cours de mythologie grecque sont toujours utiles. Alors que la guerre de Troie bat son plein depuis presque dix ans, Troyens et Achéens ne semblent pas réussir à se départager. Côté Achéens pourtant, Achille, le meilleur guerrier, se brouille avec Agamemmon, son chef d’armée, et refuse de retourner sur le champ de bataille. Hector, le meilleur guerrier de Troie, en profite alors pour tenter de retourner la situation à son avantage. Des figures connues comme Ulysse, Pâris, Ajax, Patrocle, d’autres vaillants soldats et même les Dieux se mêlent de cette guerre pour influencer la victoire de tel ou tel camp. Le combat atteint son paroxysme lors du combat entre Achille et Hector. Voilà pour l’histoire. Vous vous y perdez avec tous ces noms ? La compagnie Thespis vient à votre secours!

C’est que la mise en scène ingénieuse de Lysiane Clément et Thai-Son Richardier offre une version inédite de l’Iliade, où les soldats sont devenus des athlètes de football américain. Les armures sont transformées en épaulières et les casques de l’armée sont désormais des casques de sport. Les maillots floqués vous aident à vous y retrouver en cas de doute sur les personnages souvent habillés à l’identique (excellente anti-sèche ceux du fond qui ne suivaient pas) et « l’arrière » du front  est transformé en vestiaires. L’adaptation proposée tire la métaphore du combat sportif, jusqu’aux dieux parieurs et aux commentateurs radio. Le tout en restant très fidèle au texte d’Homère. Et c’est passionnat!

Tour à tour drôle, prenante, dynamique, dans un rythme effréné, l’Iliade nous entraîne dans les coulisses d’un combat où les athlètes sont tourmentés par les choix à faire et leurs conséquences. A la recherche de gloire éternelle, avec l’impossibilité d’échapper à son destin et l’inévitabilité de la mort, l’Iliade nous rappelle pourtant que des valeurs de courage ou d’amitié se partagent aussi bien sur l’Olympe que sur le terrain. 

On notera une distribution sans genre, où les héros peuvent aussi bien être interprétés par des hommes que des femmes. Ils ne sont pas nombreux (Fanny Couturier, Loïc Bonnet, Jérémy Jeannes, Yann Ducruet) sur scène pour interpréter tous ces rôles. Mention spéciale pour Lysiane Clément, aussi rugissante et dramatique en Achille, que belle et effrontée en Hélène. D’ailleurs, si le monologue d’Hélène nous rappelle que les femmes (humaines) ont une place accessoire dans la mythologie, cette inversion des genres, dont ce rôle titre joué par une femme, est un pied de nez final à la mythologie. 

On sort de l’Iliade le sourire aux lèvres, énergisé comme après un après-midi au stade, heureux de cette rencontre avec Achille et Hector, et avec l’envie de folle de suivre les prochaines aventures d’Ulysse. Cela tombe bien, la compagnie avait mis en scène L’Odyssée il y a quelques années. La boucle est bouclée!

 

Avis : ★★★★

L’Iliade, compagnie Thespis, théâtre La Factory. Avignon, du 7 au 29 juillet à 17h30 – Relâches : 10, 17, 24 juillet

 

Les autres pièces de la compagnie Thespis

Mes critiques d’Avignon 2023

Previous Post Next Post

Vous pourriez aussi aimer

2 Comments

Leave a Reply