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Combat contre l’oubli avec « Le village de l’Allemand » de la Cie des Asphodèles #OFF2023

Papa était un assassin. Un criminel de guerre. C’était un homme de conviction, de devoir. C’était un S.S. – Le village de l’Allemand

Adaptation de Le village de l’Allemand ou le journal des frères Schiller de Boualem Sansal, la compagnie des Asphodèles du Colibri porte sur scène un récit difficile et passionnant, qui pose une question existentielle centrale : sommes-nous comptable des crimes de nos parents ? Dans une mise en scène rythmée, épurée et efficace, et portée par une troupe convaincante, le village de l’Allemand est une très belle nouvelle création !

Le village de l’Allemand : le passé qui ne passe pas 

Rachel et Malrich, deux frères algériens élevés par leur oncle dans une cité de banlieue parisienne, apprennent, dans les années 1990, le décès en Algérie de leurs deux parents dans un massacre revendiqué par un groupe armé islamiste. Au milieu de ce deuil inattendu, une nouvelle vient bouleverser la vie de Rachel, le grand frère: la découverte du passé nazi de son père allemand. Et c’est une progressive descente aux Enfers qui commence pour les deux frères, étayée par le journal intime tenu par Rachel. 

La pièce, avec intelligence, rapproche les petites histoires de la Grande histoire : de la découverte des meurtres de masse avec la découverte de la Shoah, aux guerres algériennes des années 1990, en passant par les crises des banlieues françaises. Trois moments clés qui s’entremêlent au travers de l’histoire de Rachel et Malrich, interprétés avec grand talent par Valérien Moutawé et Nicolas Moisy.

Dans sa mise en scène rythmée, minimaliste et terriblement efficace – on reconnait bien le style des Asphodèles, déjà apprécié dans les Irrévérencieux ou dans le Quatrième Mur Luca Franceschi propose une lecture à tiroir de l’oeuvre des frères Schiller. La question principale demeure : sommes-nous responsables des crimes de nos parents ? Comment embrasser ce passé qui n’est pas le nôtre ? La scène à Auschwitz (Lysiane Clément et Nicolas Moisy) avec peu de dialogue, est en cela particulièrement émouvante. 

Les autres questions tissées en arrière plan sont peut-être un peu plus floues : la montée de l’islamisme radical dans les Cités, comparée au nazisme, est intéressante bien qu’historiquement contestable. On sent néanmoins que certaines coupes ont été faites pour l’adaptation, amputant le récit qui, sur la question islamiste, n’ose pas prendre le sujet frontalement. A titre d’exemple, on devine que Malrich s’enrôle (est enrôlé ?) dans des combats radicaux, mais comment ? Pourquoi ? Est-ce lié aux récits de son frère ? Au passé de son père ? La pièce laisse en suspens beaucoup de ces questions. 

Le Village de l’Allemand demeure une pièce très réussie, portée par des comédiens de qualité, une mise en scène intelligente et des messages forts. Ravie d’avoir retrouvé les Asphodèles du Calibri!

 

Avis : ★★★★

Le Village de l’Allemand, compagnie des Asphodèles. Théâtre des Carmes, Avignon

 

Les autres spectacles de la compagnie des Asphodèles :

Avignon 2023:

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