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Le poison de la gloire, avec Le Prix du Goncourt #OFF2023

Un tel tapage ratisse large dans le passé d’un homme. Tout ce qu’on a fréquenté, obscur, de gratin ou de menu fretin, fonce dans cette drague, et vous voilà harcelé par un cortège de visages et de souvenirs mangés par l’oubli.Le Prix du Goncourt 

Quand il gagne le Prix Goncourt en 1972, Jean Carrière, l’auteur de L’épervier de Maheux, semble au sommet de sa carrière. Pourtant, une succession d’ennuis s’accumulent par la suite, comme si la gloire était une maîtresse vénéneuse, prête à gâcher l’existence. Dans une mise en scène épurée (pour Avignon), Philippe Chuyen qui écrit, met en scène et interprète l’auteur nîmois, propose une plongée fascinante dans la malédiction du succès.

Le Prix du Goncourt, ou la rançon de la gloire

Gagner un Goncourt est un Graal pour un écrivain. Mais d’après l’expérience de Jean Carrière, auteur un peu oublié aujourd’hui, qui le gagne en 1972, cela peut surtout être un cauchemar. Pour cet auteur du Sud-Est rural de la France, connu pour ses écrits sur les Cévennes, passionné de vélo et un introverti sur les bords, passer de l’ombre à la lumière est un moment grisant. L’ambiance parisienne des cafés les plus connus ou la reconnaissance de la presse sont une nouvelle expérience à vivre. Mais c’est aussi une pression nouvelle, notamment ces millions de lecteurs penchés par-dessus son épaule alors qu’il tente d’écrire les prochaines lignes de ses futurs romans. Comme un poison, ce succès l’entraîne dans une chute d’autant plus cruelle que des problèmes familiaux et personnels se mêlent à la danse.

La gloire est-elle une malédiction, et le parisianisme nuit-il à la littérature?  En faisant revivre Jean Carrière, Philippe Chuyen lui offre une deuxième jeunesse. Dans une mise en scène simple mais qui laisse respirer  un très beau texte, Le Prix du Goncourt donne la part belle aux réflexions existentielles d’un auteur en pleine descente aux Enfers. Car face à cette impossibilité de l’écriture, l’auteur continue pourtant d’écrire pour raconter son enfance, sa découverte des mots et son parcours personnel.

Chuyen accompagné par Thierry Paul et Raphaël Lemonnier au piano, offrent un spectacle fin et parfois drôle. L’usage astucieux d’un écran permet de faire vivre les Cévennes et les balades qui vident l’esprit et coupent le souffle. La chute ici n’est pas que symbolique, elle est aussi très concrète, à cheval sur un vélo.

On en sort avec l’envie de (re)lire Carrière, de prendre le large dans les Cévennes et de se mettre à écrire. Une belle découverte!

 

Avis : ★★★★

Le Prix d’un Goncourt, compagnie Artscénicum Théâtre, du 7 au 28 juillet, 21h15, Présence Pasteur (Avignon)

 

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