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« La Petite Sirène » à la Comédie-Française, tout en drame et en poésie

« Si je pouvais pleurer, mes larmes couleraient » – La Petite Sirène 

Mettre en scène l’un des contes d’Andersen les plus connus en 1h10, voilà un pari osé dans lequel se lance Géraldine Martineau. Loin du dessin animé de Disney, Adeline d’Hermy interprète une Petite Sirène tout en subtilité et en délicatesse, propulsant ce conte autant dans le domaine de l’imaginaire que de la cruauté du passage de l’enfance à l’âge adulte.

La Petite Sirène en quête d’une altérité

La pièce s’ouvre dans un fond sous-marin très poétique : la petite Sirène (sublime Adeline d’Hermy) et sa grand-mère (Danièle Lebrun), assises sur deux balançoires, échangent sur l’anniversaire à venir de la petite sur le point de devenir adulte. La scénographie propose dès les premières secondes un univers marin très fin, poétique. Les cordes qui tombent sur les personnages féminins seront autant des algues marines que les ondes des vagues et des courants. Sans poisson, sans Polochon, nous sommes pourtant parfaitement sous l’eau. Une pièce tout en suggestions.

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Pour rappeler l’histoire : la petite Sirène a le droit, le jour de ses 15 ans, d’approche de la surface pour découvrir la Terre, à condition de ne pas être vue. Au cours de cette excursion, elle sauve de la noyade un Prince dont elle tombe éperdument amoureuse. Décidant, contre l’avis de sa famille, de le retrouver, elle échange sa voix à la Sorcière des mers contre une paire de jambes pour tenter de séduire ce Prince, avec maladresse.

Adeline d’Hermy propose une Petite Sirène tout en subtilité et en délicatesse. Quand en découvrant ses jambes elle vacille, c’est toute la découverte d’une vie de femme qui se déroule sous ses pieds. Proche de la lecture de Bruno Bettelheim, la Petite Sirène devient l’image de ces petites filles découvrant leur corps de femme avec pudeur, légèreté et étonnement. Tantôt fière, forte et amoureuse, tantôt naïve, drôle et décalée, Adeline d’Hermy rayonne. Julien Frison, jeune Prince, lui rend parfaitement la pareille, touchant de pudeur dans ce rôle de jeune premier à la recherche d’un amour qu’il ne parvient pas à reconnaître.

Loin du happy ending à la Disney, la Petite Sirène est un drame poétique. Et Géraldine Martineau s’en empare avec brio, allant jusqu’à proposer une lecture très moderne de l’acceptation de soi. Plutôt que de se sacrifier, la Petite Sirène aurait aussi pu commencer par s’aimer elle-même telle qu’elle est vraiment. Une douce leçon d’humanité. 

Avis : ★★★★

La Petite Sirène, d’après Hans Christian Andersen, mise en scène Géraldine Martineau

Jusqu’au 6 janvier 2019, Studio Théâtre de la Comédie Française

 

 

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