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Un Monte-Plats qui ne grimpe pas au Lucernaire

« Allumer la bouilloire, c’est une façon de parler ». Le Monte-Plats, Harold Pinter

Dans Le Monte-Plats, Harold Pinter présente deux tueurs à gages en planque dans un sous-sol, attendant qu’une mission vienne à eux. Alors que le temps passe, Gus et Ben échangent, tuent le temps et s’interrogent sur leur condition. Dans une mise en scène étonnante et originale d’Etienne Launay, la mayonnaise peine pourtant à prendre pour cette pièce qui ne parvient pas à convaincre. 

Le Monte-Plats, ou l’absurdité d’une existence 

Il y a quelque chose de Samuel Beckett dans l’absurdité d’une attente qui ne s’arrêtera jamais. On n’attend pas Godot mais c’est tout comme pendant une heure. Ben et Gus rappellent Vladimir et Estragon. Il y a le temps qui passe, le thé qui ne se prépare jamais, les indications qui n’arrivent pas, des bruits suspects, des envies divergentes et des voix auxquelles il faut répondre sans trop savoir pourquoi. 

Le Monte-Plats est finalement une pièce complexe, lente, assez peu facile d’accès. Cette attente qui n’en finit jamais laisse la place à de nombreuses questions sur l’autorité et la relation entre les hommes. Il y a une vraie relation maître-esclave entre Gus et Ben. Et c’est tout le paradoxe de cette pièce qui est riche mais dans laquelle il ne se passe rien. 

Une mise en scène en miroir 

C’est certainement pour cela qu’Etienne Launay a construit sa mise en scène en miroir. Il n’y a pas un couple mais deux couples de Gus et Ben. Et quand l’un des personnages sort à jardin, il réapparaît à cour dans un rythme plus ou moins synchro. Une manière de nous conditionner aussi nous, spectateurs, dans l’autorité du metteur en scène. Le personnage n’est pas encore apparu que nous tournons la tête pour l’attendre de l’autre côté. 

Est-ce que c’était osé ? A n’en point douter. Malin ? Aussi. Mais complexe, très complexe pour une pièce qui, à première lecture, reste particulièrement hermétique. C’est donc prendre le risque de rajouter de l’eau à la noyade du spectateur que de tenter une construction aussi complexe. Il y a de belles trouvailles, les comédiens jouent convenablement (mention spéciale pour Bob Levasseur qui m’a émue) et je ne doute pas que cela fonctionne chez certains. En ce qui me concerne hélas, le monte-plats est resté coincé au rez-de-chaussée et n’a pas su m’emporter. 

 

Avis : 

Le Monte-Plats d’Harold Pinter, mise en scène Etienne Launay

Du 28 mars au 22 mai, Théâtre Lucernaire, 18h30

 

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