Ah ! mon pauvre Scapin ! Je suis mon pauvre Scapin, à cette heure qu’on a besoin de moi

On ne va pas se mentir : à Avignon, on n’y va pas forcément pour voir du Molière. Et pourtant… Arrêtée dans la rue par l’un des comédiens, je me laisse séduire par le pitch, par la promesse d’une mise en scène ultra-moderne et par la recommandation faite d’Alexandre Astier sur cette pièce. Après une journée à voir du théâtre musical, un bon Molière ne pourrait pas faire du mal ! Je promets de venir ce soir ou le lendemain, je tiens ma promesse. Je découvre Les Fourberies de Scapin du Théâtre de Demain.

Les Fourberies de Scapin en rap : une belle claque !

Et bien m’en a pris car quelle surprise ! La troupe est composée de très jeunes acteurs, tout juste sortis d’écoles et de conservatoires, mais avec une énergie hors norme et beaucoup de talent. La mise en scène est signée Tigran Mekhitarian qui assure aussi le rôle de Scapin. La particularité ? Nous ne sommes pas au XVIIe siècle mais bien de nos jours, au pied d’une cité, en compagnie de voyous qui manient le verbe aussi bien qu’un flow de rap à couper au couteau. Et si le texte de Molière est respecté, il est agrémenté de styles, de façon de parler et de manière d’être qui sonnent terriblement d’aujourd’hui. Les Fourberies de Scapin n’ont jamais été aussi modernes et auraient très bien pu être le récit de jeunes en quête d’amour rencontrés par hasard dans le RER B.

La compagnie du Théâtre de demain réussit le triple pari de jouer Molière dans une ville saturée de pièces, d’en assurer une modernisation pertinente et d’entraîner dans son sillon une jeunesse qui ne serait peut-être pas allée au théâtre. Parce qu’utiliser la langue de Molière pour faire un rap engagé qui raconte une histoire n’aura jamais été aussi réussi ! Les Fourberies ont été sans aucun doute l’un de mes coups de cœur d’Avignon 2017.