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Lecture de Bérénice ou le pouvoir de l’imagination par la Comédie Française

Hé bien, il est donc vrai que Titus m’abandonne ?
Il faut nous séparer. Et c’est lui qui l’ordonne. – Bérénice

 

En introduction à la lecture de Bérénice de Racine, Eric Ruf explique aux spectateurs le pouvoir de l’imagination. Aucun décor, aucun costume ne pourra faire mieux le travail que notre propre imaginaire. Et c’est là tout l’enjeu d’assister à une lecture : faire vivre par la simple voix du comédien une histoire.

Lire Bérénice, voir Rome, pleurer Antiochus

 

La scène est totalement épurée et pour une fois, les comédiens ont un texte entre les mains. C’est un moment un peu exceptionnel que nous offre la Comédie Française, la possibilité d’être à la fois spectateur et en coulisses avec les comédiens.

Dès les premières minutes pourtant, l’ambiance est là. Les voix amplifiées par le micro d’Antiochius (Clément Hervieu-Léger), Arsace (Alain Lenglet), Titus (Éric Génovèse) ou Bérénice (Clotilde de Bayser) résonnent comme dans un temple romain trop grand et trop vide. Costumes sombres, quelques gestes des mains, le visage tourné vers le texte et pourtant c’est tout Rome qui tremble à la lecture. L’accompagnement musical sublime à la fois le texte et l’interprétation et on n’entend ni le bruit des pas sur le pavé ni le cri des chevaux. Et pourtant, ils sont bien là.

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Car c’est bien le pouvoir de l’imagination dont il s’agit ici. Tout est suggéré, tout est habilement proposé. Des respirations qui s’accélèrent aux murmures que l’on entend si rarement au théâtre. Ici, c’est l’intime du texte qui est décortiqué dans sa plus grande pureté. Dégagé des déplacements, des décors, du faste des costumes et même des jeux de lumière, ne reste que la voix du comédien au service de la beauté du texte.

Devant et derrière la scène

Et c’est dans ces moments minimalistes que peuvent briller les talents bruts des comédiens du Français. J’ai été particulièrement touchée par la sensibilité et la grâce de Clément Hervieu-Léger qui interprète un Antiochus fier et dévasté. Mais la tragédie est ici portée avec une grande force par l’ensemble de la troupe

Et au-delà du texte, il y a tous les à côté. Ces moments où les comédiens retournent s’assoir en attendant leur prochaine réplique, ce moment où ils cessent quelques instants d’être Titus ou Bérénice pour redevenir Eric, Clotilde, Claude ou Michel. Moment rare, d’habitude réservé aux saluts, où l’on peut être devant la scène mais également en coulisses. Que j’ai aimé pouvoir regarder Adrien Dupuis-Hepner attendre ses quelques répliques, Clotilde de Bayser essuyer ses larmes ou Eric Génovèse fuir tous les regards pour garder en lui un Titus concentré.

Cette lecture a été un moment unique de partage, une occasion rêvée de réécouter un texte sublime en se promenant par l’esprit dans les plus beaux palais romains, de ces palais qui cachent derrière les murs épais les plus beaux drames amoureux. Voilà définitivement une lecture à ne pas manquer, en direct sur France Culture ou en podcast !

 

 

Avis : ★★★★

Bérénice de Racine, diffusion le 19 novembre sur France Culture

 

 

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