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Macbeth manque d’énergie au Théâtre de l’Odéon

Cette nuit atroce réduit à rien tout ce que j’ai vécu. Macbeth

Dès le lever du rideau la scénographie est impressionnante : sur le devant d’un abattoir, les trois sorcières se lancent dans les premières prophéties de Macbeth. Le jeu est prometteur et pourtant le reste de la pièce sera en demi-teinte. Un rythme cassé par des changements de décors ambitieux, un jeu inégal et une forme de réécriture de Macbeth qui n’est pas convaincante. Dommage pour cette mise en scène de Stéphane Braunschweig.

Macbeth à l’Odéon, le « double trouble »

Il faut dire que de Macbeth, j’ai gardé le souvenir intact de de la mise en scène incroyable de Laurent Pelly au TNT de Toulouse en 2013. Avec un Thierry Hancisse en Macbeth et la fabuleuse Lady Macbeth de Marie-Sophie Ferdane, relever le défi de faire oublier une prestation si marquante est toujours un beau défi. Et si on dit que Macbeth est une pièce maudite, ce n’est pas pour rien !

La mise en scène de Braunschweig est découpée en différents tableaux à la scénographie très marquée. Bien que particulièrement belle, elle impose des changements de décors qui cassent totalement le rythme de la pièce. Il faut attendre plusieurs minutes pour que le rideau se relève et c’est long, trois minutes quand on attend dans le noir à ne rien faire.

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Par ailleurs, au-delà d’une traduction franchement approximative (est-ce un choix ? Quel dommage de casser ainsi le sens de Shakespeare!), les choix de mise en scène sont curieux. Lady Macbeth (Chloé Réjon) n’est plus cette femme puissante qui manipule son mari : Macbeth (Adama Diop) est influencé mais conscient de ses choix. La puissance et la démesure du couple sont bien décevantes, en partie certainement parce que la direction d’acteur ne permet pas de sombrer dans une terrifiante folie.

Modernisé, le texte connaît aussi d’énormes coupes et des rajouts étonnants. On y parle de Brexit ou de BCE. Comme pour forcer l’intemporalité d’une œuvre qui n’a pas besoin d’artifice. Macbeth devient progressivement plus proche d’un dictateur africain sanguinaire que d’un roi écossais. Seul, en treillis sur un trône qu’il perdra aussi vite qu’il l’a obtenu et avec toujours autant de sang sur les mains. Mais au milieu de cette boucherie qui m’a surtout fait penser aux cuisines du Macbeth de la mini-série ShakespeaRe-told avec James MacAvoy, on se rend compte sur ce Macbeth là manque d’envergure.

Cette version était finalement une version qui se regarde jouer — dans tous les sens du terme. Autocentré, à la limite de l’arrogance dans la scénographie, le jeu n’est pas à la hauteur des ambitions de la pièce. Un Macbeth qui ne restera certainement pas dans les mémoires.

Avis :

Macbeth, au Théâtre de l’Odéon, mise en scène de Stéphane Braunschweig, jusqu’au 10 mars 2018

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