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Exploration de la « géographie amoureuse » de Camus-Casarès à la Scala

« On peut s’oublier dans la vie, se détourner, se séparer, la vie est oublieuse mais la mort est cette mémoire aveugle qui n’en finit pas pour ceux qui veulent, qui consentent à mourir ensemble. »  Camus – Casarès, une géographie amoureuse

Parmi les couples mythiques qui ont traversé l’histoire au travers de leurs mots, impossible de ne pas citer Albert Camus et Maria Casarès, dont la correspondance a été publiée en 2017 chez Gallimard. Amour passionnel mais contrarié, jonglant autant avec l’humour que le désarroi, Elisabeth Chailloux relève le défi de mettre en mots ce qui n’était alors que plume, dans une mise en scène simple et épurée. Un beau moment.

La géographie amoureuse de Camus-Casarès

Albert Camus est déjà marié lorsqu’il rencontre Marie Casarès en août 1944. Il a 30 ans et est déjà un écrivain à succès, elle a 21 ans et brûle les planches. Amoureux passionnés, ils vivent une relation à distance ponctuée de courriers et de retrouvailles qu’ils savent éphémères. Traversant l’après-guerre ensemble, unis par l’art, l’amour des mots et la passion qui les anime, Camus et Casarès défient toutes les conventions.

Dans ce petit écrin qu’est la salle au sous-sol de La Scala à Paris, l’endroit est parfait pour entendre ces mots d’amour qui, parfois politiques, parfois dramatiques, souvent intenses, n’ont pas pris une ride. On y découvre un Camus sensible, parfois jaloux ; une Casarès drôle et émouvante, et un couple qui se moque bien du qu’en dira-t-on. Sauf bien entendu, lorsque Casarès rappelle à son amant qu’il y a toujours une autre femme de sa vie.

Portée par un duo de qualité (Jean-Marie Galey en Albert Camus — il y a d’ailleurs du Romain Gary dans ses traits ; Teresa Ovidio en Maria Casarès), ce sont leurs voix qui marquent peut-être le plus. Elles redonnent vie à ce qui aurait pu être une lecture, mais s’avère être beaucoup plus. Graves, chaudes, avec un accent méditerranéen qui rappelle les origines espagnoles de Casarès, les voix de Galey et Ovidio incarnent avec élégance cet amour qui durera toute une vie.

Cette « géographie » nous entraîne à Paris, mais aussi dans le Sud de la France, à Alger ou partout où l’auteur et la comédienne voyagent. Car au-delà d’une géographie des sentiments, c’est bien aussi une exploration dans le temps et l’espace que propose cette pièce

La mise en scène est simple et soignée, avec quelques rares accessoires pour rappeler l’époque troublée traversée par le couple. Au fond, le pari de faire vivre des sentiments couchés sur le papier par le geste, le souffle et la voix est réussi. On y entend de la belle littérature, beaucoup d’émotions, et un amour fou sincère. Une belle découverte.

 

Avis : ★★★

Camus – Casarès, une géographie amoureuse, d’après la correspondance Albert Camus – Maria Casarès 1944-1959

Mise en scène d’Elisabeth Chailloux

La Scala

 

 

 

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