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Grandes plaidoiries et Grande histoire au Théâtre Antoine avec Richard Berry

Richard Berry, c’est d’abord une voix. Autant dire que l’occasion était trop belle et les textes trop puissants pour ne pas monter un seul en scène. Pendant un peu plus d’une heure, le comédien redonne une voix à 5 grandes plaidoiries qui ont marqué l’histoire judiciaire et juridique en France. Une interprétation remarquable autant sur le fond que sur la forme. Une très belle réussite de cette rentrée théâtrale.

 

« Plaidoiries : je vous demande l’impossible » : redonner corps à des textes importants

 

L’ambition pouvait être un peu risquée :  faire interpréter par un homme l’une des plus grandes plaidoiries en faveur du droit des femmes, la plaidoirie de Me Gisèle Halimi, qui a permis à Simone Veil de proposer une loi pour l’avortement en 1975, c’est prendre le risque de remasculiniser un texte parfaitement féminin.

Mais c’est un piège dans lequel ne tombe pas Richard Berry qui livre une prestation remarquable de justesse, de puissance et d’émotions. Dans Plaidoiries : je vous demande l’impossible, Berry reprend les traits et les mots de 5 grands avocats au cours de 5 grandes plaidoiries rentrées dans l’histoire sur des sujets de société très forts : la peine de mort (affaire Ranucci), le droit à l’avortement (Procès de Bobigny), le déni de grossesse (affaire Courjault), les crimes contre l’humanité (procès Papon) ou encore la non-assistance à personne en danger (affaire du poste électrique de Clichy-sous-Bois). 5 procès inscrits dans la grande histoire mais dont le grand public a parfois oublié la puissance argumentative et oratoire.

 

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En enfilant tous les soirs cette robe noire si caractéristique, Richard Berry fait plus que redonner corps à des textes, il rappelle que certains combats de société sont loin d’être des acquis et qu’ils méritent toute notre attention.

Petit bémol cependant sur la construction de la pièce : si la scénographie minimaliste sert parfaitement bien le propos, si les archives audiovisuelles utilisées permettent une immersion dans les réalités de l’époque, le choix de ne présenter qu’une plaidoirie par procès (et donc pas la plaidoirie de la partie inverse) provoque parfois une indignation étrange à porter pour le spectateur. On s’indigne de la mort de Christian Ranucci, on comprend difficilement la faible sentence des policiers de Bobigny  : on a envie parfois de rendre la justice. En positionnant le public comme un juré, on offre une vision partiale de procès difficiles aux enjeux terriblement complexes. Il est donc important de prendre ces textes pour ce qu’ils sont (des morceaux d’histoire et d’histoire oratoire) et non pas ce qu’ils expriment(un point de vue) malgré leur apparente universalité.

Plaidoiries est une pièce magnifique pour la virtuosité des textes autant de l’interprétation et donnera certainement envie de (re)lire l’ouvrage de Matthieu Aron dont sont extraits les plaidoiries. Une grande réussite!

 

Avis : ★★★★

Plaidoiries : je vous demande l’impossible, Théâtre Antoine,

avec Richard Berry, mise en scène d’Eric Théobald

Jusqu’au 25 novembre 2018, Prolongation au Comedia – Théâtre Libre : du 4 au 31 décembre 2018

 

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5 Comments

  • Reply Jean

    C’est avec un grand plaisir que l’on suit, dans le sombre de la salle, l’indéfendable qui est défendu… Le doute s’installe progressivement… Douter des affaires présentaient par R. Berry mais aussi douter de la justice, in fine…. Un cours de théâtre magistral de l’acteur ! A voir sans hésiter.

    14/11/2018 at 16:27
  • Reply Quatrième Mur – Blog Théâtre - "Dupond-Moretti à la barre", mais pas au théâtre - Quatrième Mur - Blog Théâtre

    […] Justice de Salomé Lelouch et  les Plaidories de Richard Berry, c’est au tour d’Eric Dupond-Moretti, qu’on ne présente plus, […]

    25/01/2019 at 13:52
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