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SAUL, Oratorio de G.F. Haendel, Direction musicale Laurence Cummings, Mise en scene Barrie Kosky, Choregraphie Otto Pichler, Costumes et decors Katrin Lea Tag, Lumieres Joachim Klein, Orchestre et Choeur Les Talens Lyriques, Theatre du Chatelet le 19 janvier 2020. Avec : Christopher Purves (Saul), Karina Gauvin (Merab), Anna Devin (Michal), David Shaw (remplacant) (Jonathan), Christopher Ainslie (David), Stuart Jackson (Le Grand Pretre, Doeg, Abner), John Graham Hall (La sorciere d’Endor) Danseurs : Robin Gladwin, Ellyn Hebron, Merry Holden, Edd Mitton, Gareth Mole, Yasset Roldan (photo by Patrick Berger)

Majestueux Saül au théâtre du Châtelet

Quand on voit les premières images de la mise en scène de Saül par Barrie Kosky, cet oratorio de Haendel, on se dit que l’on va assister à un moment à part. Pari plus que réussi pour cette production anglaise qui prend ses quartiers pour une dizaine de jours au théâtre du Châtelet.

 

Saül, un oratorio grand public puissant

 

La difficulté avec l’opéra, c’est que cela paraît vite un peu inaccessible pour les novices. Et autant dire que si je fréquente assidûment les salles de théâtre et un peu les auditoriums, ma fréquentation des salles d’opéra m’enlève relativement toute légitimité pour écrire un papier sur pareil spectacle. D’autres le font bien mieux que moi, avec beaucoup plus de rigueur, de recul et d’esprit critique. Mais cette mise en scène de Saül avait l’air si théâtrale qu’elle a piqué ma curiosité, et c’est un pari gagné.

L’histoire se passe presque 3000 ans avant notre ère et renvoie à nos cours d’histoires bibliques. David vient de terrasser Goliath et est accueilli par le roi Saül. Vite jaloux de la popularité dont jouit David, il s’enferme progressivement dans une folie meurtrière, auprès de son fils et de ses filles.

 

 

Saül est ici interprété par Christopher Purves, qui parvient parfaitement bien à faire monter le dramatique chez ce roi qui se consume de jalousie. Ses filles (Karina Gauvin et Anna Devin) sont aussi puissantes qu’intenses, interprétant parfaitement bien ces êtres tiraillés entre l’amour d’un homme et l’amour d’un père. Et si l’ensemble de la distribution est absolument parfaite, l’orchestre inclus, il est a noté ce choeur absolument formidable, fantasque, grinçant et indispensable. 

C’est toute la beauté de cette mise en scène ingénieuse de Barry Kosky, qui flirte entre un tea time chez Lewis Carroll qui aurait mal tourné, et le grotesque d’une foule cauchemardesque toute droit sortie d’un Tim Burton. Il y a dans ce choeur toute la force, la dangerosité mais aussi la puissance d’une foule aux visages poudrés, aux couleurs étourdissantes et aux voix tantôt douces, tantôt assourdissantes. Accompagné par un petit corps de ballet qui se révèle aussi léger que drôle, il y a quelque chose de très ironique et très noir dans cette construction scénique qui part aux origines de sentiments humains très sombres. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le sol est recouvert de terre. Mais dans cette ironie, on retrouve des moments plus légers, comme des sourires jaunes au milieu d’un visage de Joker.

 

Pour qui ne connaît pas le monde lyrique, Saül est une petite pépite à découvrir pour s’y mettre. Pour qui s’y connaît, Saül est toujours une petite pépite qui rompt avec certains codes traditionnels et propose une vision résolument moderne, presque dérangeante, mais passionnante d’une pièce de Haendel de 1739. Définitivement une oeuvre à découvrir pour cette nouvelle année ! 

Avis : ★★★★★

Saül, Théâtre du Châtelet, jusqu’au 31 janvier 2020

 

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