« Voilà, c’est fini. Même les erreurs ont une fin heureusement. Alors moi, je me tais et je m’en vais. » – Cendrillon, Joël Pommerat
Près de 10 ans après sa dernière création, Joël Pommerat redonne vie à sa Cendrillon, bien loin d’une version douce et joyeuse à la Disney. L’occasion de (re)découvrir un texte sombre, parfois drôle, et poétique, dans une mise en scène tout en lumière.
Cendrillon, une vie sur un mal-entendu
La pièce commence sur un décès, celui de la mère de la Jeune Fille. Avant de pousser son dernier soupir, elle marmonne une dernière phrase que la Jeune Fille entend mal et comprend de travers. Commence alors le respect d’une promesse, celle de toujours penser à la Mère, de la part de la jeune écolière. Au remariage de son père, la Jeune Fille, martyrisée par sa belle-mère et ses belles-soeurs, est vite surnommée Cendrier / Cendrillon.
La pièce de Joël Pommerat tord le cou, avec élégance, humour mais aussi cynisme, à la vision doucette d’une Cendrillon qui ne serait par si martyr, face à une exploitation domestique difficile et une dépression qui ne guérit pas. S’éloignant du conte de Perrault ou des frères Grimm, la Cendrillon de Pommerat est docile, soumise et consentante, mais aussi déconnectée de la réalité, évoluant dans un environnement résolument moderne.
La mise en scène, oscillant entre un décor en noir et blanc, à la fois opaque et transparent, rend compte des grands troubles de l’adolescence, avec autant de grâce que de perspicacité. Dans un monde entre l’enfance et l’adulte, dans ce no man’s land qui prend des formes de forêt quasi-initiatique, Cendrillon, mais aussi le Prince et tous les personnages de la pièce grandissent, évoluent et trouvent un équilibre lorsque la vérité est révélée.
Ce Cendrillon de Joël Pommerat, portée par un casting d’exception, est une réussite aigre-douce, à ne surtout pas manquer.
Avis : ★★★★
Cendrillon, de et mis en scène par Joël Pommerat. Théâtre de la Porte-Saint-Martin, Paris 10e. Jusqu’au 19 juillet 2022
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