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Les années Sida avec Angels in America à la Comédie-Française

« J’y pense pourtant depuis longtemps, mais je ne comprends toujours rien à l’amour. La justice. Ou à la démocratie. C’est simple. Ca n’a rien d’ambivalent. Mais l’amour, c’est quelque chose de très impitoyable. » Angels in America

 

Le vent de modernité qui souffle salle Richelieu continue sa route avec l’entrée au répertoire d’une pièce comme Angels in America, écrite par le dramaturge américain (et lauréat du prix Pulitzer pour cette oeuvre), Tony Kushner. Dans une mise en scène assez peu audacieuse d’Arnaud Desplechin, Angels in America à la Comédie-Française tient essentiellement par la force de son texte et la qualité incroyable de ses comédiens. 

 

Angels in America, une plongée onirique dans les Etats-Unis des années 1980

 Nous sommes à New York, à l’automne 1985 et plusieurs histoires s’entremêlent. Il y a Prior (Clément Hervieu-Léger) et Louis (Jérémy Lopez), dont le couple est mis à mal à cause du Sida. Roy Cohn (Michel Vuillermoz), grand avocat des affaires sans peu de scrupule, lui aussi atteint par cette maladie qu’il ne veut pas nommer. Et enfin Harper (Jennifer Decker) et Joe (Christophe Montenez), couple de mormons lui aussi mis sous tension par les tendances homosexuelles de Joe. En toile de fond, le Sida bien entendu, mais aussi le tabou de l’homosexualité, la religion, l’addiction aux médicaments, la dépression et bien entendu le racisme, pour un pièce de théâtre en format cocktail finalement très politique. La pièce est dense, complexe et d’une durée originale de 4h30. Ici, pour être compatible avec les exigences de l’alternance, Arnaud Desplechin propose une version de 3 heures (entracte compris) et réalise donc des coupes parfois substantielles sur le texte. Et c’est bien dommage car s’il est des pièces qui nécessite bien une entrée en profondeur, Angels in America en fait définitivement partie.

 

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Une mise en scène qui manque de souffle

Tantôt politique, tantôt onirique, Angels in America est une pièce atrocement complexe à mettre en scène. Arnaud Desplechin s’en sort plutôt bien, représentant des espaces avec des changements de décors simples grâce à des accessoires qui bougent et, parfois, un jeu de lumière qui découpe la scène en deux parties, comme deux mondes qui ne se mélangeraient pas. En revanche, les entrées et sorties des comédiens se fait parfois de manière un peu forcée, ce qui rend malgré tout la mécanique des déplacements peu fluide. C’est la vraie critique que l’on peut faire à cette mise en scène : en manque, malgré elle, de panache. La première entrée de l’Ange (Florence Viala) est par exemple à la fois sublime et ridicule. On y perd alors malgré tout un sens profond de l’onirisme. 

C’est d’autant plus marquant quand on a encore fortement en tête, comme c’est mon cas, la mise en scène d’Aurélie Van Den Daele, jouée au théâtre de l’Aquarium il y a 2 ans (lire ma critique de l’époque). La metteuse en scène avait réussi à créer une oeuvre dans l’oeuvre, avec une scénographie absolument extraordinaire. Ce qui avait été un immense coup de coeur s’est transformé, entre les murs du Français, en pièce puissante, utile, mais que l’on risque hélas de trop vite oublier. 

Reste malgré tout la grande force de ces 3 heures : il s’agit de l’interprétation des comédiens qui sont tous à couper le souffle. Mention spéciale à Clément Hervieu-Léger, qui est bouleversant en jeune homme souffrant, quasiment en quête existentielle, atteint du Sida. Jérémy Lopez est extraordinaire en petit ami à la fois courageux, lâche et pourtant si honnête. L’ensemble de la troupe fonctionne avec complicité, émotion, et parvient à rendre parfaitement réel ce New York de l’époque en marge, caché, parfois même humilité, et en souffrance. 

Il ressort d’Angels in America une grande humanité, une force politique puissante et encore très actuelle. Une bonne manière de découvrir un texte et une époque, à défaut d’être totalement emporté par la mise en scène. 

 

Avis : ★★★

Angels in America, Comédie-Française 

Jusqu’au 27 mars 2020

 

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