Coupable ou non coupable d’acharnement ?
Le No Show est un ovni théâtral qu’il ne faut pas manquer. Le spectacle commence dès l’achat du billet et pose une véritable question : combien sommes-nous prêts à dépenser pour voir un spectacle de théâtre ? Pour répondre à cette question, quelques références : prix d’un billet pour un match de foot, prix d’un strapontin au Palais des Papes, prix d’un billet de cinéma, prix d’un concert… et la transaction se fait de manière anonyme. Cachés derrière des rideaux noirs, personne ne voit combien vous allez donner : vous devez donc donner en votre âme et conscience.
Car c’est nous, spectateurs, qui faisons le No Show. En fonction de la recette, le spectacle aura lieu d’une certaine façon. Avons-nous donné assez pour payer l’ensemble de la troupe ce soir-là ? En fonction, vous pourrez assister à un spectacle bien différent.
No Show : le spectacle vivant à tout prix !
Et c’est ça la grande qualité du No Show : drôle, grinçant, percutant, il s’agit vraiment d’une grande claque, d’une vraie prise de conscience. Eh oui, le spectacle vivant a un prix ! Et quand il n’est pas financé, pas soutenu, qu’il n’est pas considéré à sa juste valeur (à minima financière), ce sont les êtres humains derrière le projet qui trinquent. Peut-on assister à un spectacle en payant 5€ tout en sachant que le(a) comédien(ne) qui nous fait passer ce bon moment devra ensuite faire tourner une caisse dans un supermarché le lendemain midi ? Les métiers de l’art vivant sont-ils condamnés à vivre dans la précarité, faute d’être assez rémunérés (un spectacle comme le No Show avec 7-8 comédiens se valoriserait à 50€ le siège en moyenne) ? Les comédiens sont-ils coupables ou non coupables d’acharnement dans leur volonté de travailler en sachant que leurs conditions ne leur permettront aujourd’hui pas de vivre selon leurs besoins ?
Le No Show, au-delà d’être divertissant, drôle, d’être rafraîchissant et dynamique, est enfin spectacle qui met en lumière la crise que traverse le théâtre aujourd’hui et met le spectateur face à ses propres responsabilités. « Le théâtre est dans la marde », oui, et nous avons un rôle à jouer pour le sauver ! Et cela passe par fois par la légèreté d’une bataille de marshmallows !
Avis : ★★★★★
Le No Show, jusqu’au 28 juillet au Théâtre Gilgamesh Belleville, Avignon
Suivre le Collectif Nous Sommes Ici
Mes autres critiques :
3 Comments
[…] Le No Show, Théâtre Gilgamesh Belleville […]
27/07/2017 at 23:05[…] ! Je dois par exemple la découverte du Porteur d’Histoire à une collègue de travail ou le No Show à un ami passionné. Parlez et faîtes parler, dans la vraie vie ou sur les réseaux sociaux. Vous […]
23/08/2017 at 21:14[…] Rares sont les spectacles auxquels on assiste en payant le juste prix (voir le spectacle Le No Show à ce sujet). Mais voilà, quand on est étudiant ou jeune salarié, que l’on aime un art sans […]
15/09/2017 at 10:59