« Le peuple est un Minotaure. Pour qu’il ne vous dévore pas, il lui faut ses cadavres hebdomadaires » La Mort de Danton
La révolution française s’invite au théâtre du roi! Avec « La Mort de Danton » de Büchner, Simon Delétang donne à la salle Richelieu une dimension révolutionnaire, drapée de cocardes, qu’on ne lui connaissait pas. Dans une mise en scène élégante et portée par un duo Corbery/Hervieu-Léger absolument remarquable, La Mort de Danton est une pièce exigeante et bouleversante.
La Mort de Danton : vive la Révolution !
Disons le tout de suite : pour apprécier pleinement La mort de Danton, il est de bon ton d’avoir remis un peu avant le spectacle le nez dans vos livres d’histoire. Car ce qui se joue sur la scène politique est complexe, dense et parfois un peu difficile à suivre. A minima, la lecture du programme ne sera pas du luxe.
Nous sommes en pleine révolution française, et le débat fait rage sur la nécessité ou non d’un soulèvement populaire. D’un côté, les partisans de Danton approuvent la révolution et souhaitent que les mesures prises par Robespierre contre le peuple s’arrêtent. De l’autre côté, Robespierre s’enfonce dans un idéal révolutionnaire et souhaite la poursuivre des actes de rebellion et de vengeance. Au milieu, le peuple hésite entre ces deux visions. Mais la Révolution est parfois plus forte que ceux qui la pensent. Alors qu’ils se rencontrent, Robespierre ordonne l’execution de son ancien ami Danton (pas de spoiler, la mort de Danton est dans le titre). On accompagne alors cette grande figure de l’histoire dans ses derniers discours, dans son procès et son exécution, accompagnés par ces plus fidèles alliés, comme Camille Desmoulins.
La mise en scène, signée Simon Delétang, est tout aussi épurée que distinguée. Même les moments tragiques de décapitation sont faits avec précision, mais inventivité. Ce qui dénote particulièrement dans cette pièce, c’est bien l’interprétation magistrale de Clément Hervieu-Léger (terrifiant Robespierre) et Loïc Corbery (digne Danton), tous les deux au sommet de leurs capacités tragiques. Le reste de la troupe (Julien Frison, Christian Gonon, Julie Sicard, Anna Cervinka…) contribuent au réalisme et à la tension palpable de ce combat d’idées.
On ne sort pas totalement indifférent de la Mort de Danton. A la fois perturbante, un peu intello mais aussi très juste, la pièce, portée par des comédiens extraordinaires, donne à voir autant un combat d’hommes qu’un combat d’idées. Ce n’est pas une pièce évidente, mais c’est un théâtre fascinant. J’y retournerai.
Avis : ★★★★
La Mort de Danton de Georg Büchner, mise en scène Simon Delétang, en alternance Salle Richelieu jusqu’au 4 juin 2023.
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